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Le vent étant revenu à l’ouest bientôt après, nous remîmes à la voile. Dès le 23, nous étions en vue de l’île déserte et sauvage d’Anticosti, que nous laissâmes derrière nous le lendemain. De Québec au Bic, espace de soixante lieues, le fleuve est hérissé çà et là d’îles et de rochers qui demandent l’attention du pilote. Quelques-uns de ces rochers portent le nom de Piliers. Je les aperçus le matin à travers la brume. Quoique peu élevés, voilés comme ils l’étaient par les brouillards, qui n’en laissaient paraître que quelques points noirs et allongés vers le ciel, ils formaient un effet de perspective très pittoresque. Plus on descend le Saint-Laurent plus ce fleuve en impose par sa majestueuse grandeur, (il a vingt lieues de large à son embouchure), et par la silencieuse solennité de ses rives. Ces rives conservaient encore depuis la Malbaie et le Bic en descendant