Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/108

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pendant un de ces intervalles où la tempête s’arrête, comme pour mieux prendre ensuite son élan, la voix de notre intrépide capitaine retentit claire et vibrante d’un bout à l’autre de la frégate.

— Hale bas le foc d’artimon, la pouillouse, amure misaine et laisse arriver ! Un silence de mort accueillit l’ordre de cette périlleuse manœuvre. Cette fois est la première, depuis qu’il commande, que l’Hermite voit hésiter son équipage ; un nuage passe sur son front. Mais bientôt les hommes, comme s’ils étaient honteux d’avoir pu mettre un seul moment en doute la supériorité de leur capitaine, rachètent cette seconde de faiblesse par une obéissance pleine d’enthousiasme : la manœuvre est exécutée en un clin d’œil.

Aussitôt la frégate cesse d’hésiter : vaincue d’abord par la puissance de ses voiles et de son gouvernail, bouleversée ensuite circulairement à travers l’abîme, elle parvient enfin à se redresser, à reprendre le vent en poupe, et prévient ainsi, par la rapidité de sa marche, la fureur des éléments déchaînés contre elle.

Après cette évolution, le vaisseau n’ayant plus qu’à fuir vent arrière au gré de l’ouragan, chacun put s’orienter sur le tillac, à sa guise, pour prendre un moment de repos.

— Comment gouverne le navire ? demanda, après quelques minutes, le capitaine l’Hermite au lieutenant Fabre.