Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/125

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sommes des Français !… Dans tous les cas, afin de donner le change à l’anglais et d’effrayer son monde, on dirigera la première volée, chargée à trois boulets ronds, entre les deux batteries, au pied de son grand mât ; les autres volées, à deux boulets, seront pointées dans la même direction, mais à fleur d’eau, de manière à pouvoir couler et démâter à la fois, mais surtout couler… À cet effet, j’approcherai du vaisseau autant que possible… je ne veux pas perdre un coup, et il faut, ceci est pour nous une question de vie ou de mort, que nous parvenions à établir à sa flottaison une brèche inétanchable… Or, en supposant, au pis-aller, que nous logions un quart de nos boulets par bordée… Eh bien ! je vous garantis moi, que nous n’en tirerons pas quatre sans savoir à quoi nous en tenir sur notre destinée… À présent, mes amis, à vos postes ; transmettez ponctuellement mes instructions à l’équipage, et que les armes d’abordage soient sous les mains des combattants. Quant à vous, messieurs, attendez mes ordres avec patience, recevez-les avec confiance, et faites-les exécuter avec énergie.

Pendant que l’Hermite passait sa revue et donnait ses instructions, le vaisseau anglais s’était approché à trois quarts de portée. Notre commandant fit aussitôt jouer les quatre canons de retraite : peu après, plusieurs trous angulaires apparurent dans les voiles du 64 et prouvèrent que nos artilleurs avaient pointé avec leur justesse habituelle.

Quoique le feu durât depuis près de vingt minutes, et que le vaisseau anglais ne fût guère plus éloigné alors de nous que d’une petite demi-portée de canon, il ne daigna pas répondre à notre attaque.

— Il paraît, capitaine, dit le lieutenant Rivière en reparaissant