Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/126

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tout à coup par l’écoutille de la batterie, que l’anglais nous ménage. Il craint d’abîmer sa prise… future. Peut-être bien attend-il qu’il soit par notre travers pour nous sommer de nous rendre.

— Nous rendre ! répéta vivement l’Hermite en se redressant de toute sa hauteur sur son banc de quart, allons donc ! il est impossible que l’anglais ait une telle opinion de nous ! Il craint tout bonnement de retarder sa marche en nous tirant en chasse… Quant à nous rendre, reprit-il après une seconde de silence, ce malheur, il est vrai, peut arriver… les hasards des combats sont si imprévus que l’homme, dans son orgueil, a tort de croire pouvoir les dominer par son génie… mais enfin si cette humiliation nous est réservée… je n’y assisterai pas… je puis vous en donner ma parole.

En ce moment, l’officier de manœuvre vint avertir le capitaine que le vaisseau laissait arriver.

— Très bien ! dit l’Hermite, il veut nous envoyer sa bordée en poupe, et il a raison… Seulement, il n’y réussira pas. Laissez arriver aussi, et ripostons à sa bordée par la nôtre.

Quand les deux navires furent presque vent arrière et que les boulets purent se croiser, un épais nuage de fumée, précédé d’une trombe de flamme et d’une effroyable détonation, les ensevelit tous les deux dans ses chaudes vapeurs.

Les boulets de l’ennemi dirigés sur la mâture de la frégate ne lui occasionnèrent que de légères avaries : quant aux nôtres, nous ne pûmes voir l’effet qu’ils produisirent.

Une fois la bordée partie, le vaisseau revint au vent et recommença à poursuivre la frégate. Nous imitâmes sa manœuvre, et la chasse continua comme auparavant, c’est-