Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/161

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L’Hermite s’arrêta alors devant la contenance embarrassée de l’aide de camp ; puis, après un court silence, il reprit en changeant complètement de ton :

— Monsieur Olivier, je vous charge de faire enlever du bord tous les blessés, tous les malades, et de m’envoyer tout de suite des canonniers, des vivres frais et de l’eau. Allez.

L’aide de camp s’inclina et s’empressait d’obéir ; mais l’Hermite, le cœur ulcéré, se retourne vers lui, et d’une voix que j’entends encore :

— J’espère, monsieur, lui dit-il, que l’amiral nous fera l’honneur d’assister, du débarcadère, au combat qui va avoir lieu : sa présence ne peut manquer de doubler la force de l’équipage !

L’Hermite, affranchi de toute entrave à ses volontés, ordonne alors que l’on se prépare à jeter à la mer tous les objets du bord qui pourraient gêner ou seraient inutiles pendant le combat à outrance qui va se livrer.

À ce commandement, chacun se met à la besogne ; mais, hélas ! les hommes nous manquent, et les renforts que l’on nous envoie, expédiés à pied, du port N.-O., sont obligés de faire un long circuit pour nous rejoindre et ne nous arrivent que lentement. Notre équipage supplée au manque de bras par son zèle et son ardeur, seulement ses efforts affligent notre capitaine, car il craint qu’au moment de la lutte nos hommes, trop fatigués, n’y puissent plus prendre une part aussi active ; et c’est surtout sur son équipage que l’Hermite compte pour sortir à l’honneur de la France de notre position critique, presque désespérée.

Bientôt la mer montante touche à sa plus haute élévation, le vent du S.-E., qui nous a manqué au moment suprême