Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/163

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En effet, les moyens mis en jeu avaient été calculés avec une si grande exactitude, que, cédant à la fois aux efforts du cabestan et du délestage, la Preneuse présente alors au large sa double ceinture de canons.

Un hourra salue cette heureuse réussite, car à présent que le combat est un fait décidé, inévitable, nos hommes ne songent plus à leurs rêves, à leurs projets ; ils ne pensent qu’à se montrer dignes de l’Hermite et à se venger sur les Anglais des malheurs de notre croisière.

Bientôt les canons de la batterie de bâbord remplacent ceux des gaillards de tribord : en ce moment le chef de timonerie Huguet annonce que la mer commence à baisser.

— C’est bien, répond tranquillement l’Hermite, nous sommes prêts.

Puis s’adressant à messieurs Dalbarade et Rivière :

— Faites hisser le reste des pièces de la batterie, leur dit-il, moi je vais travailler avec messieurs Fabre, Raoul, Graffin, Viellard et Breton à accorer la frégate du bord du large.

L’équipage continue à rivaliser de zèle en exécutant, de concert et avec un entrain merveilleux, les travaux d’urgence. La mer, unie comme un étang, laisse la frégate immobile. L’Hermite, oubliant et la fièvre qui le dévore, et les graves contusions que la chute du mât d’artimon lui a occasionnées, se multiplie dans les embarcations où sont réunis les charpentiers et les hommes d’élite, pour faire établir sous ses yeux les béquilles destinées à maintenir la Preneuse dans une position verticale.

Malgré le zèle des travailleurs, malgré la puissante excitation que leur causent les conseils et les exhortations de leur capitaine, et qui les fait doubler de promptitude dans l’exécution