Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/217

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nouveau plus profondément encore que la première fois, et reprit :

— Je vous présente un des grands dignitaires de la gracieuse reine de Bombetoc ! Cet homme est le sous-roi de Mazangaïe !

— Ah ! cet homme est un grand dignitaire de la couronne, et de plus un sous-roi, répondit le capitaine, alors je m’en vais lui présenter mes respects.

M. Cousinerie, après avoir prononcé ces paroles, s’avança vers l’illustre personnage, et lui offrant un verre d’arack apporté par le mousse :

— Ça vous va-t-il, Majesté ? lui dit-il.

À l’empressement avec lequel le vice-roi se saisit du verre, on eût pu croire qu’il comprenait parfaitement le français.

— Ah ça ! reprit le capitaine en voyant le vice-roi boire avec avidité, est-ce que Sa Majesté ne craint pas de se mettre dans un état inconvenant ?

— J’ai bien soif, capitaine ! s’écria en ce moment d’un ton mélancolique et suppliant le noble portugais.

— C’est juste, il en reste encore. Prenez !

Le seigneur Carvalho ne se fit pas prier pour accepter cette invitation : il se précipita sur l’arack avec l’avidité d’un tigre qui s’élance sur sa proie.

— Jusqu’à présent, nous dit le capitaine, ces gens boivent plus qu’ils ne parlent. Il faudra cependant bien que ce faux Portugais nous donne des renseignements.

Une fois que le vice-roi et l’interprète eurent vidé le contenu de leur verre, ils nous accompagnèrent dans la cabine.

— C’est extraordinaire capitaine, dit ce dernier, combien votre arack m’a altéré… j’en voudrais bien encore un peu !