Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/242

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jusqu’aux pieds, une espèce de mouchoir de Madras, doublé et cousu aux deux bouts. Une fente indiscrète, large d’environ trois à quatre doigts, laissait apercevoir la couleur de leur corps à partir du bas de leur gorge. Leur poitrine était recouverte d’une pièce de soie très serrée, à manches, et qui s’appelle, chose assez singulière et qui montre les fabuleux obstacles que les modes françaises ont su franchir, canezou.

Les cheveux, hélas ! crépus, de nos jeunes et aimables convives étaient artistement tressés en trois espèces d’étages ; un nœud de ruban, coquettement noué, les retenait à leur sommet. Enfin, des bracelets et des pendants d’oreilles en argent et un collier en razades complétaient leur pittoresque costume..

À peine les jeunes Malgaches furent-elles assises à nos côtés, que, dédaigneuses d’un savoir-vivre qui eût pu retarder leurs jouissances, elles se jetèrent sur les mets placés à leur portée, et nous montrèrent qu’elles possédaient un appétit tout à fait primitif. Ce sans-gêne éveilla l’admiration de mes deux matelots et leur fut droit au cœur ; ce fut du moins ce dont je crus m’apercevoir en voyant les regards passionnés qu’ils adressaient à leurs deux voisines.

Grâce à de si actives auxiliaires nous vînmes facilement à bout, quelque copieux qu’il fût, du souper que nous offrait la reine de Bombetoc. Inutile d’ajouter, je le pense, que chaque plat était arrosé sans mesure du vin de canne, de la liqueur de prunes fermentées et de miel ! Quelque bons buveurs que fussent nos matelots, ils durent reconnaître la supériorité de leurs voisines, d’autant mieux que l’ivresse semblait glisser sur elles pour ne leur laisser que le plaisir !

À peine achevions-nous de nous lever de table, ou pour