Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/246

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il me sembla que je me réveillais d’un songe vertigineux.

— Vous devez à présent désirer probablement rester seul, seigneurie ? me dit le Portugais Carvalho, que je n’avais pas aperçu quoiqu’il fût assis à mes côtés.

— Ma foi, volontiers, car je me sens brisé et accablé de fatigue. Ces danses m’ont tellement impressionné qu’il me semble que j’en ai été l’un des acteurs.

L’interprète s’empressa de transmettre ma réponse au grand maréchal, chargé par la reine de Bombetoc de pourvoir à nos besoins ; et sur un signe de ce dernier, tout le monde qui se trouvait dans la paillote disparut comme par enchantement.

— Eh bien, et nos danseuses, lieutenant ? me demanda le matelot François Poiré en m’interrogeant du regard, elles restent donc ici !

— Il est bien naturel qu’elles se reposent un peu avant de s’en aller… Mais j’y songe… les pauvres filles doivent mourir de soif après de tels exercices !…

Je m’empressai alors de remplir une panelle de vin, et je m’en fus l’offrir, instinctivement sans doute, à celle des trois jeunes Malgaches dont la danse m’avait le plus séduit. Elle accepta en me remerciant avec un sourire qui valait à lui seul tout un long discours. François et Bernard exécutèrent, de leur côté, une manœuvre semblable à la mienne et obtinrent une même récompense pour leurs soins.

Après que la jeune fille eut vidé d’un seul trait la large panelle de vin, elle me la rendit en me disant fort distinctement :

— Thank you my sweethart.

Je restai ébahi devant ces mots de mauvais anglais.

Ma surprise s’accrut encore en entendant l’une de ses