Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/248

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François, après m’avoir fait cette réponse, s’avança vers l’une des danseuses, et la regardant bien en face :

— Petite, lui dit-il, tu vas répéter cette phrase : « J’aime les Parisiens, à bas les Anglais ! », ou je me fâche !

— Voyons, François, dis-je au matelot, laisse cette enfant tranquille, elle est fatiguée, elle doit désirer se retirer… et puis elle ne te comprend pas !

— Elle est fatiguée… j’en conviens, lieutenant… Quant à se retirer…

Le matelot s’interrompit au milieu de sa phrase ; puis, se frappant le front d’un vigoureux revers de main, comme si une idée lumineuse venait de lui traverser le cerveau :

— Ah ! mâtin, s’écria-t-il, je comprends… c’est une bien bonne commère que cette reine de Bombetoc. Oh ! la petite, t’as beau me regarder d’un air étonné, ça m’est plus facile de lire tes pensées dans tes yeux, que de comprendre ton baragouin… Or, puisque nous avons du temps, je finirai bien par t’apprendre ma phrase : « J’aime les Parisiens ! à bas les Anglais ! » Tu verras.

Comme j’étais fatigué, je me jetai sur la natte double qui représentait mon lit, et ne m’occupai plus de François.

Le lendemain matin, vers les dix heures, on vint nous chercher en grande pompe pour nous conduire au Louvre où la reine de Bombetoc nous attendait.