Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/252

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le traité qu’il vous propose. En attendant, et pour nouer déjà quelques relations entre le royaume de Bombetoc et la France, j’ai pleins pouvoirs du capitaine du navire le Mathurin pour acheter à Mazangaïe une cargaison argent comptant. Je pense qu’en faveur de votre future alliance avec mon roi, vous daignerez consentir à ce que cette cargaison soit embarquée sans payer les droits exorbitants de douane que réclame le vice-roi de Mazangaïe.

— Mon conseil se prononcera tout à l’heure sur cette question. Quel est ce nom de Mathurin que porte votre navire ?

— C’est celui du neuvième enfant que vient d’avoir notre puissant monarque.

— Comment ! votre roi de France n’a que neuf enfants ?

— Hélas ! pas davantage, auguste souveraine… Mais il est si jeune encore !… Il va sur ses quinze ans !

— Alors, c’est assez bien. Est-il grand, est-il fort, est-il beau, votre roi ?

— Sa taille dépasse huit pieds ; il tue chaque matin, d’un seul coup de poing, le bœuf qu’il mange à son déjeuner, et ses yeux brillent comme le soleil.

À cette description, qui, je l’espérais, devait aider à la réussite de mon ambassade, la reine de Bombetoc laissa échapper une exclamation d’admiration et de surprise, que le Portugais ne jugea pas à propos de me traduire ; puis, bourrant ensuite sa pipe avec énergie :

— Viendra-t-il me rendre visite, votre jeune roi, si je conclus un traité avec lui ? me demanda-t-elle en me regardant fixement pendant que l’interprète me transmettait cette question.

— Il viendra certainement, répondis-je sans hésiter et avec aplomb.