Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/253

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Cependant, je vis que malgré mon ton d’assurance, la reine n’ajoutait que peu de foi à mes paroles.

— C’est bon, répondit-elle, je vais consulter mon conseil.

La reine, interrompant alors notre entretien, leva sa main et prononça en malgache quelques mots que je ne compris pas : aussitôt tous les grands dignitaires de la couronne présents dans l’intérieur de la paillote abandonnèrent leurs places avec empressement et vinrent s’accroupir en rond autour de leur souveraine. La séance s’ouvrit aussitôt.

Dans l’ignorance absolue où j’étais de la langue malgache, il ne me restait qu’à observer le jeu de la physionomie des orateurs ; je crus m’apercevoir que les conseillers les plus âgés étaient tout à fait opposés à l’alliance que je proposais, soit que cette alliance leur parût dangereuse, soit qu’ils n’ajoutassent pas une foi bien complète à mes pouvoirs et à ma qualité d’ambassadeur ; les jeunes gens seuls, alléchés sans doute par l’attrait de la nouveauté, défendaient ma cause. Quant à la reine, exclusivement absorbée par l’entretien de sa pipe qu’elle rallumait à chaque instant, elle semblait ne prêter aucune attention à ce conseil qu’elle avait provoqué et qu’elle présidait.

On a beaucoup et avec raison plaisanté sur la prolixité de nos orateurs et de nos avocats : ceux de Bombetoc ne leur cèdent en rien sous ce rapport, car ce conseil dura plus de deux heures. Enfin la séance fut levée, et la reine, résumant les débats par trois mots qu’elle adressa pour me les transmettre à l’interprète portugais, me déclara de la façon la plus péremptoire qu’elle refusait mes propositions.

Sans me laisser abattre par cette notification, à laquelle je m’attendais, je déclarai hardiment à la reine