Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/293

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la Perle, le second, Duverger, prit immédiatement le commandement de ce navire.

— Mes amis, nous dit-il, à plus tard les plaintes ! À présent, il s’agit de faire notre devoir et de nous venger. Monsieur, continua-t-il en s’adressant au chirurgien de l’Amphitrite, charmant jeune homme nommé Forgemolle, avec qui j’avais déjà navigué à bord de la Forte, où il remplissait les fonctions d’aide-major, préparez vos trousses et tenez-vous prêt : nous allons recommencer le combat.

En effet, dix minutes s’étaient à peine écoulées que nous ouvrions notre feu sur la mouche de l’ex-Trinquemaley.

— Je crois, Garneray, me dit M. Forgemolle, avec qui j’étais très lié, que je n’aurai plus guère d’opérations à faire aujourd’hui.

— Pourquoi cela ? auriez-vous donc le pressentiment de votre mort ?

— Oh ! nullement ! seulement je crois que la goélette se soucie peu de recommencer la danse… Tenez, voyez… elle ne répond pas à notre canonnade et elle force de voiles… Bon voyage !

Le pauvre Forgemolle parlait encore quand je le vis rouler à mes pieds.

— Qu’avez-vous donc ? m’écriai-je en me précipitant vers lui pour l’aider à se relever.

— Rien ! me dit-il, quelque manœuvre qui s’est détachée du gréement et est tombée sur moi.

Hélas ! c’était un boulet perdu, le dernier que la corvette nous adressait en tirant en retraite, qui lui avait emporté les deux jambes ! M. Forgemolle mourut une heure après : ce fut la dernière victime de ce combat qui durait depuis plus de vingt heures.