Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 99 —

Après un mois et demi d’une traversée ordinaire et qu’aucun événement ne vint accidenter, la Perle en deuil du brave et infortuné Maleroux, la Perle, dernier débris de tant de richesses perdues, du plus terrible combat de mer et de la plus épouvantable catastrophe qui aient peut-être jamais eu lieu, rentrait au port nord-ouest de l’Île-de-France, au milieu de la consternation et du silence de la population.

Quant à moi, encore sous l’impression du désastre qui avait failli me coûter la vie, et, de plus, atteint de quelques éclaboussures pendant le combat, je me trouvais dans un pitoyable état de santé. Je fus donc forcé de me mettre au lit.

Pendant la maladie que j’eus à subir, et dont, grâce à Dieu, la force de ma constitution, unie à une volonté ferme, me tira assez promptement, M. de Montalant, mon généreux ami, me rendit de fréquentes visites.

J’entrais déjà en convalescence, lorsqu’il vint un jour, en compagnie du capitaine de corsaire le Malouin Ripeau de Monteaudevert, passer une partie de la journée avec moi.

— Le capitaine Monteaudevert, à qui l’Hermite, dont il est l’ami, a beaucoup parlé de vous, a promis de s’occuper de votre sort, me dit-il. Ainsi, mon cher Louis, tenez-vous l’esprit en repos ; d’un jour à l’autre, dès que vous serez rétabli, il vous sera donné de prendre votre revanche sur la fortune et sur les Anglais ! En attendant, je vous apporte quelques centaines de piastres que je viens de toucher, au moyen de votre procuration, pour votre part de prise de la Perle… Les chevaux arabes se sont admirablement bien vendus !

— Je vous remercie beaucoup, mon cher monsieur, lui répondis-je. Cet argent m’arrive avec d’autant plus