Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/301

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coup d’œil quelle devait être la supériorité de sa marche : elle portait dix-huit canons.

Je ne sais si l’intention de l’excellent Monteaudevert avait été, en me conduisant à la Pointe-aux-Forges, de faire une diversion à la tristesse qui m’accablait : en tout cas, la vue de la Confiance opéra un grand changement dans la situation de mon esprit.

XI


De retour à la ville, exalté par l’examen minutieux de la Confiance auquel je m’étais livré avec ardeur, je ne rêvais plus qu’aventures et combats, et je chassai sans peine le souvenir des désastres de l’Amphitrite, qui m’avait si longtemps poursuivi sans relâche et sans trêve.

Fidèle à la recommandation de mon nouveau capitaine, je me rendais chaque matin chez lui, et chaque fois je le quittais en sentant mon attachement et mon admiration pour sa personne augmenter de force. Surcouf était un de ces hommes qui, enveloppés d’une écorce assez rude, ne peuvent être devinés ni compris à la première vue. Ses manières rondes, aisées, mais originales, exigeaient que l’observation, pour pouvoir arriver à comprendre son génie, commençât d’abord par se familiariser avec sa nature. Au reste, bon et joyeux vivant s’il en fut jamais, il possédait une gaieté communicative dont on ne pouvait se défendre. Personne, je demande pardon au lecteur d’employer une expression un peu vulgaire et qui commençait alors à prendre une grande vogue, personne ne blaguait mieux que lui. Son esprit vif, actif et plein d’à-propos, ne lui faisait jamais défaut pour l’attaque ou pour la riposte. Je me rappelle même à ce sujet une réponse qu’il adressa à un capitaine anglais.

Ce dernier prétendait que les Français, ce qui au reste était assez vrai pour Surcouf, ne se battaient jamais que