Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/304

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à Surcouf, j’aimerais mieux de l’argent comptant !…

— Soit ! M. le consul, ici présent, vous remettra dix traites de cinq cents gourdes chacune, payables à vue, sur Batavia, Banca, Malacca, Madras, Pondichéry et Trinquemaley…

— Mille pardons, commandant Surcouf, interrompit le consul ; je ne demande pas mieux que d’être utile à un homme de votre immense mérite et de votre réputation, mais cette bienveillance que je ressens pour vous ne doit cependant pas me faire oublier toute prudence. Or, en supposant que ce digne capitaine, mon compatriote, soit légèreté, soit imprudence, commette quelques indiscrétions… comprenez-vous, ayant des preuves écrites de ma participation, quoique indirecte, dans cette affaire, le tort irréparable qu’il pourrait me causer ?

— C’est juste. Alors revenons à ma première idée. J’embarque sur le navire de votre capitaine, que vous ne manquerez pas de mettre à contribution, des marchandises cotées au plus bas prix de facture, pour une valeur de trois mille piastres. Au taux où sont maintenant les liquides français dans l’Inde, vous gagnerez à la vente de ce chargement, qui vous appartiendra en toute propriété, au moins cent pour cent.

— Oui, capitaine, c’est possible ; mais si l’on soupçonnait jamais que j’ai été votre… observateur… l’on me pendrait ! Or, s’exposer à un tel ennui pour six mille piastres !… interrompit le capitaine danois.

— C’est plus que vous ne valez, s’écria brusquement Surcouf.

— Oui, capitaine, si je n’étais pas père de famille.

— Eh bien ! à mon retour de croisière, je vous remettrai trois mille piastres en plus, si j’ai été satisfait de…