Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/315

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je dois ajouter que pour peu que les officiers présents à la revue possèdent la moindre connaissance du caractère du marin, ils viennent facilement à bout de ces exigences. Je citerai, afin de mieux me faire comprendre, un des cinquante exemples, pris au hasard, qui se présentèrent et dont je fus témoin pendant la revue de l’équipage de la Confiance.

— Moi, dit un matelot en s’avançant à son tour de rôle, à l’appel de son nom, je veux bien m’embarquer en qualité de simple santabousca, mais à une seule condition : c’est que je ne prendrai plus de ris…

— On ne te demande que de faire ta besogne comme tout le monde, mon garçon, lui répondit notre second, M. Drieux.

— Je ne dis pas non, mon capitaine, mais j’en ai trop pris, de ris… j’en veux plus… Ça, c’est dans ma tête et ça n’en sortira plus..

— Je conçois l’exigence de cet homme, reprit M. Drieux en se retournant vers nous. Il ne sait pas comment se prend un ris, et il aurait peur de montrer son ignorance…

— Ah ! vous croyez ça, mon officier, s’écria le matelot piqué au vif dans son amour-propre, eh ! bien, vous vous trompez joliment ! Demandez donc un peu à M. Dutertre, à M. le Même, à M. Monteaudevert et au capitaine l’Hermite si je ne connais pas un peu bien mon métier ? Ah ! c’est comme ça, continua le matelot en s’animant de plus en plus à l’idée que l’on mettait en doute ses connaissances, alors, entendez-vous, je ne m’embarque plus que comme gabier !… Je ne veux