Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/316

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plus quitter la hune !… Ah ! je ne sais pas prendre un ris ! C’est drôle tout de même de prétendre ça ! On verra. Je vous montrerai que rien qu’avec la jarretière de ma maîtresse je sais souquer une empointure plus vite et mieux que n’importe quel matelot du bord !



Trois jours après la revue sonna l’heure du départ ! le canon, qui tire d’heure en heure, annonce à l’équipage de la Confiance, joyeusement occupé à gaspiller ses avances, qu’il ait à faire ses adieux aux plaisirs de la terre, que la saison des prises est venue.

Fidèle au devoir, la troupe des matelots, que suit un long cortège d’amis, de femmes, de petits marchands et de créanciers, arrive bientôt sur la plage et se jette, derniers vestiges d’un luxe mourant, dans des canots pavoisés.

Avant de se séparer, on s’embrasse, on se serre les mains, il y a même quelques larmes véritables répandues, et tout est dit ! Combien y en a-t-il, parmi ces hommes si forts et si confiants dans l’avenir, que l’on ne reverra plus ? Quels sont ceux que le fer ou le plomb anglais doivent jeter sanglants dans l’arène ! On l’ignore ! Et cette incertitude, qui plane sur tous, donne une certaine solennité mélancolique à cette heure suprême de la séparation.

— Au large les embarcations ! crie enfin d’une voix retentissante M. Drieux.

Les rames s’agitent, et l’on s’éloigne !

Toute la population de la ville a envahi les quais du port pour voir appareiller la Confiance.

Bientôt l’équipage est sur le pont ; les voiles sont déployées, puis l’on entend comme un éclat de tonnerre que répètent à l’infini les échos des montagnes ; c’est le dernier coup de partance : le corsaire est à pic.

Alors, au commandement de Surcouf, le petit foc montre