Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/330

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composait encore de cent trente frères la Côte déterminés : avec de telles forces, un navire comme la Confiance et un capitaine qui se nommait Surcouf, il nous était permis d’espérer que nos succès ne devaient pas s’arrêter de sitôt.

De temps en temps nous étions chassés par des croiseurs anglais de haut bord, et il nous fallait prendre chasse devant eux ; ce qui humiliait un peu notre amour-propre national : nous nous consolions en songeant que notre métier était de combattre pour la fortune, non pour la gloire.

Au reste, la Confiance marchait d’une façon tellement supérieure, que nous éprouvions même dans notre fuite un certain sentiment d’orgueil en nous voyant éviter aussi facilement les Anglais ; l’idée du désappointement et de la colère que devait leur faire éprouver l’inutilité de leurs efforts chatouillait agréablement la haine que nous leur portions.

Il y avait déjà près d’une semaine que nous naviguions ainsi bord sur bord, sans avoir rien rencontré, lorsqu’un beau matin la vigie cria : « Navire ! »

— Où cela ? demanda Surcouf que l’on fut tout de suite, selon ses ordres, prévenir.

— Droit devant nous, capitaine.

— Est-il gros, ce navire ?

— Mais oui, capitaine, du moins il le paraît.

— Tant mieux ! Quelle route tient-il ?

— Impossible de le savoir, car on le voit debout. Au reste, vous devez pouvoir le distinguer à présent d’en bas.

Aussitôt toutes les lunettes et tous les yeux se dirigèrent vers le point indiqué. On aperçut, en effet, une haute