Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/334

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des bras de civadières à palans simples, et une pièce neuve au-dessus du ris de chasse de son petit hunier, n’est-ce pas ? Eh bien ? c’est tout bonnement une frégate. Et savez-vous quelle est cette frégate, Garneray ? continua Surcouf en se retournant vers moi, c’est cette coquine de Sibylle qui, dans ces mêmes parages, a pris, il y a deux ans, la Forte que commandait votre parent Beaulieu-Leloup ! Sacré nom ! nous aurons fort à faire pour nous en débarrasser ; car son capitaine, qui a été tué dans le combat contre la Forte, était un rusé renard, et il a laissé des élèves dignes de lui !… Après tout, je ne suis pas non plus précisément un imbécile… Voyons un peu s’ils mordent à l’hameçon !… Que je parvienne seulement à orienter la Confiance au plus près, et je serais curieux de savoir comment ils s’y prendront alors pour nous rattraper ! Ah ! si je ne me trouvais pas privé de la moitié de mes hommes, dispersés sur les prises que j’ai dû envoyer à l’île de France, par Dieu ! quoique cela ne me rapportât rien, je me passerais la fantaisie de dire deux mots à l’Anglais, histoire d’essayer de venger la Forte… Mais avec mon équipage si restreint je ne puis songer à me procurer cet agrément !… Ce serait sacrifier la Confiance, sans chance de succès !… Hein ! il vaut mieux les tromper ! Quelle ruse inventer ? Quel hameçon tendre ?..

Surcouf plaça alors sa main devant ses yeux, comme pour s’isoler de toute préoccupation extérieure, et resta