Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

proie à une agitation extrême. Emmenez-moi d’ici.

Caramba ! je ne demande pas mieux, surtout si c’est pour partager ma cabine, lui répondit le frère la Côte après l’avoir considérée un moment.

Elle était au reste charmante.

Mon matelot, après cette réponse polie, offrait galamment son bras à la délicieuse créature, quand plusieurs franciscains, attirés par les cris qu’elle avait poussés, sortirent précipitamment de leurs cellules et arrivèrent près de nous.

À leur vue, l’effroi de la jeune fille reparut tout entier, et elle se cramponna au bras puissant du protecteur que le hasard lui envoyait.

— Ne craignez rien, mon enfant, lui dit Kernau, ces gens-là sont des paresseux qui ne savent pas faire le coup de poing… S’ils ont l’air de bouger, je les bouscule tous…

Et à cette perspective qui lui souriait probablement beaucoup, mon matelot relevant joyeusement les bouts de manche de sa jaquette regarda la troupe des franciscains d’un air moitié provocateur, moitié plaisant.

Un vieux franciscain sortant du groupe des frères s’avança vers lui :

— Misérable impie, dit-il au Breton, va porter ailleurs tes infamies et tes scandales… éloigne-toi au plus vite de ces lieux…

— D’abord, farceur, je t’apprendrai que je ne suis pas le moins du monde impie ; ensuite je te ferai remarquer que tu n’exerces pas proprement du tout les lois de l’hospitalité envers ceux qui veulent bien venir visiter ta baraque. Après tout, je… m’en fiche pas mal. Quant à m’éloigner, je ne demande pas mieux, ajouta Kernau en