Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Eh bien, à la seconde cela ne te produira plus d’effet, reprit le matelot en guise de consolation…

Après notre déjeuner, qui se prolongea assez avant dans la matinée, nous sortîmes, Kernau et moi, pour courir la ville.

— Tiens, me dit-il au milieu de notre promenade, si nous rabattions un peu au couvent des Franciscains, pour aller chercher Perez, qui nous a quittés en sournois… ça nous amuserait peut-être… Je n’ai jamais vu de couvent d’abord… moi ! Et toi ?

— Moi non plus, si ce n’est toutefois celui des Cordeliers… et encore était-il occupé par un club où pérorait Marat. Allons.

Le couvent des Franciscains établi à Cavit est réellement magnifique. Des constructions superbes, des jardins immenses, une chapelle luxueusement ornée, où l’on voit briller de toutes parts diamants, pierres fines et joyaux d’or, sont la propriété de ces bienheureux pères.

Nous pénétrons dans une vaste cour carrée entourée d’arceaux, et dont les murs, recouverts de tableaux assez mauvais, servaient d’appui à de nombreux bancs de pierre. Sur ces bancs, plusieurs franciscains, assis à côté de jeunes femmes, causaient et fumaient avec ce laisser-aller espagnol qui toujours, dans les premiers temps, surprend le voyageur.

N’ayant trouvé personne à qui nous adresser, pas même un frère-portier, nous allions nous-mêmes à la recherche du franciscain Perez, quand des cris aigus de Au secours ! au secours ! arrivèrent jusqu’à nous ; puis, presque au même instant, une jeune fille éplorée se jeta dans les bras de Kernau.

— Sauvez-moi, señor, lui dit-elle en