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toujours les avant-coureurs certains d’une punition. Je suis, au reste, très persuadé que je lui avais été dénoncé.

— Qui a osé se permettre de salir ainsi ce livre ? me demanda-t-il d’une voix prête à s’élever.

Interdit, je cherchais une réponse, lorsque, pour comble de malheur, le capitaine se montra sur le pont, et se dirigea vers l’endroit de la dunette où nous nous trouvions ; hélas ! il venait justement demander le journal de bord.

Je laisse à deviner l’embarras que j’éprouvai lorsque le lieutenant en pied Frelot montra d’un air de triomphe à M. Bruneau de la Souchais le dessin accusateur.

Le capitaine l’examina avec beaucoup d’attention ; puis tout à coup et d’un air sévère :

— Quel est l’auteur de ce chef-d’œuvre ? demanda-t-il au lieutenant.

— Je l’ignore, capitaine, répondit celui-ci en souriant d’un petit air malicieux et satisfait qui me fit peur ; j’adressais à l’instant cette même question au timonier Garneray, qui ne m’a pas encore répondu.

— Eh bien ! Garneray, entendez-vous ? me dit M. Bruneau de la Souchais, M. Frélot vous parle.


VII

Après avoir, avec cette lucidité et cette promptitude de perception que donne le stimulant du danger à notre esprit, cherché, pendant une seconde, un moyen soit de me tirer de ce mauvais pas, soit d’atténuer les conséquences fâcheuses que devait entraîner pour moi ma faute, je ne