Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/78

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jusqu’à quatre heures du soir, sans qu’il nous fût possible de lui répondre autrement qu’avec nos canons de retraite.

À quatre heures nos deux navires s’embossèrent, et présentant le travers à la division anglaise, commencèrent à engager le feu avec plus de régularité.

Les bordées se succédèrent sans interruption jusqu’à six heures du soir ; toutefois, comme nous étions à trois quarts de portée, nous n’eûmes pas trop à en souffrir.

Le crépuscule venu, les Anglais, voyant l’impossibilité de s’emparer de nous pour le moment, dans la position que nous occupions, orientèrent enfin pour gagner le large.

Cette retraite, qui pouvait cacher un piège, car, la côte n’étant pas armée, nous nous attendions presque à une descente nocturne, ne nous fit négliger aucune précaution de sûreté.

Le lendemain, au point du jour, nos deux navires installèrent leurs embossures de manière à pouvoir spontanément présenter les batteries au large, et recevoir dignement l’ennemi, s’il se présentait pour entreprendre une attaque sérieuse. Bloqués comme nous l’étions, et assez semblables à une souris guettée par un chat, notre position ne laissait pas, quoique nous eussions eu le bonheur d’échapper la veille à l’ennemi, d’être toujours extrêmement critique : personne n’entrevoyait la façon que nous parviendrions à en sortir.