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Page:Garnier - Les tragedies de Robert Garnier - 1605.djvu/40

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PORCIE.

Neterenuoya elle en l’infernale barque Lors qu’elle commença de deuider tes ans ? Hé pauurette pourquoy fes cifeaux meurtriffans Ne trancherent fondain alors que tu fus nee, Le mal-heureux filet qui tient ta deftinee ? Ah ! me falloit-il donc, deuant que des Enfers le veiffe pafliffant les abifmes ouwers Contrainte deuorer tant de triftes encombres ? Me falloit-il parmitant de Romaines ombres, Que le fer des Tyrans precipite là bas, Mourante efperonner mon pareffeux trefpas ? Que ne mouru-ie alors qu’aux riuages d’Afriques. Mon pere combatoit pour noftre Republique ? O genereux Caton, que ne commandois-tu Que ta fille Porcie enfuyuift ta vertu, T’accompagnant là bas fur le fombre rinage, Où defcendit ton ame euitant le feruage ? l’euffe par mon trefpas fait cognoiftre à Pluton, Qu’abon droit ieuffe efté la fille de Caton, Doce Caton, Romains, que tout le monde estime, De ce Caton fameux, qui d’vn cœur magnanime, Tant qu’il fut iouiffant de la douce clarté, Combatit ardanmment pour noftre liberté. •Or es-tu plus heureux que tu ne penfois estre, N’ayant fury feulement l’infolence d’vn maifire, Mas de trois tout au coup : à qui ne fuffit pas. D’auoir nos libertez, dont on ne fait plus cas. Ainçois plus inhumains que les Ours d’Hyrcanie, Que les Tygres felons qu’enfante l’Armenie, Ne fe contentent pas de la mort feulement : Mais : cuidant que l’on ait encore fentiment Apres que le deftin deweloppe nostre ame, Ils priuent les meurtris de la funebre lame. Or done, mon Geniteur, puiffent à tout iamais Digitized by Google