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Page:Garnier - Les tragedies de Robert Garnier - 1605.djvu/47

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PORCIE.

Porcic. PORCII.

La Nourrice. ● !

O douleur, qui n’as point de douleur compa rable !

Encer Electre, encor que i’ameine tes pleurs, Et que ie les confronte à mes prefens malheurs : Encor que ie m’arrefte à tes longues miferes, Hecube, grifonnant aux Gregeoifes galeres, refue de tant de fils, que les Danois vengez Meurtrirent par dix ans à tes murs aßiegez : Tes douleurs, tes tourmens, tes larmes efcoulees, Las ! ne font pas pour eftre aux miennes égalees. Ta douleur estoit libre, la flote des Grecs Ne te defendoit point de faire tes regrets : Puis, les Dieux adoucis prindrent en ta prefence Detes iniurieux la fatale vengeance. Oùc’eft, helas ! où c’est que ie voy nos Tyrans En leurs mefchancetez tous les iours profperans : Qui maistres fur nos cœurs comme deffus nos vies, Veulent nos libertez, vilement afferuies Suyure l’immanité de leurs affections : Qui veulent, effrontez, qu’en leurs profcriptions, Qu’en leurs meurtres fanglans, nos faces mentereffes Portent publiquement indices de lieffes. Ils defendent les pleurs, ne veulent fouffrir

Que l’on regrette ceux qu’ils commandent meurtrir. No. Qui pourra mettre fin à vos larmes piteuſes ? Por. Celuy qui m’enuoyra fur les riues ombreufes. Nour. Parlez-vous de la mort ? Por, Lamort ef douce à ceux

» Qui fouffrent comme moy, quelque mal angoiffeux, Nour. Ne vous proposez-vous vostre efpoux pour exemple ?

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