Aller au contenu

Page:Garnier - Les tragedies de Robert Garnier - 1605.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
66
PORCIE.

Vueille on ne vueille Brute,efteindre l'infamie, Qu'ils endurent moquez de la langue ennemie. Ils fortent furieux,comme quand aux abois De trois Dogues Bretons, qui tonnent dans un bois, Vn Lyon efchaufétire de fa taniere Son col heriffonné d'vne horrible criniere: Il va rouant fes yeux, fes grands yeux flamboyans, Et les tourne defpit vers les chiens aboyans, Qu'il attend à pied coy, vomiffant effroyable De fa gorge beante vn fon efponuentable. Alors nos ennemis que la faim tenailloit, Et qui touchoyent leur mort fil'on ne batailloit, Animez de leur chef qui fier les accompagne, Plus alaigres que nous fortent en la campagne. P. Que feray-ie pauurete? helas lien'en puis plus; Tout le fang de mon corps s'eft dans le coeur reclus. Mon fein eft pantelant,i'endure languffante Les piquans ejperons d'vne douleur cuifante.. I'ay peur,coment i'ay peur?helasie n'ay plus pear? Car mapeur c'eft tournec en vn certain malheur. Mais pourfuy, Meffager, & flateur ne me cache Chofe qu'il faille apres que d'un autre ie ffache. Meff.là defiale Soleil au milieu de fon tour. Commençoit peu à peu de reculer le iour, Quand de chacun costé les batailles dreffees obfcurcirent le ciel de fleches eflancees, De dars Getuliens qui voletoyent par l'air, Comme vn foudre orageux que Iupin fait rouler: Puis faquant aux conftéaux ces deux groffes armees De contraires efforts s'en vindrent enflammees Entrechoquer de pres,combatant main-à-main, Et d'en fer outrageux s'entre-creufant le fein. Là vous n'enßiez ouy qu'vn craquetement d'armes Là vous n'eußiez rien veu qu'vn meurtre de gen darmes,

1 Digitized by Google