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Page:Garnier - Les tragedies de Robert Garnier - 1605.djvu/80

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PORCIE.

Qui durement naurez trebufchoyent plus efpois Que ne font en hyuer les fueillages aux bois. I’vn a les bras tronquez, on la cuiffe analee, L’autre mne autre partie en fon corps mutilee. Vous n’oyez que foupirs des bleffez, qui mouroyent, Que menaces cris de ceux qui demeuroyet : (mes, Vous n’auiez fous les pieds que chenaux g gefdar Que picques e panon, que diuers outils d’armes, Qui gifoyent fur le champ, demy noyez, du fang, Qui flottoit par la plaine ainſi qu’en vn eftang. Or longuement dura ce combat miferable, Balançant puis deçà, puis delà variable, Sãs que ceux-la, plus forts, peuffent vaincre ceux cy Ny que ceux-cy, plus forts, les vainquiffent außi. L’heur eftoit ore aux vns, & ore eftoit aux autres, Les nostres les forcoyent, puis ils forçoyent les nostres : La victoire branfloit égale aux deux coftez. Comme on voit fur la mer, quand deux vents irritez Soufflent contrairement de leurs gorges ronfleufes Vn nauire cloué fur les vagues rageufes : Ore l’humide Aufter le chaffe impetueux, Et ores l’Aquilon le pouffe fluctueux De contraires fureurs fans que la nef domtee Puiffe eftre ny par l’vn ny par l’autre emportee. En fin comme vne tour, que cent belliers batans Encree en vn rocher ont tempefté long-temps, Ne pouuant fupporter leur guerre continue Se voit pied-contremont à la fin abatue. Ainfi nos gens recreus d’vn chapelis fi long, Ne pouuant refifter ferompirent adonc, Tournant le dos fuitif à la pointe ennemie, Qui leur peureufe mort noirciffoit d’infamie. Por. Et Brute voftre chef ? Mel. Brute qui lors fe Totalement fraudé de l’espoir qu’il auoit, (voit

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