Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/121

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tumulte des pistons déchaînés, pour s’exciter à la rigolade.

Cependant Julien Rousseau, ayant revêtu, par-dessus ses habits, un riche manteau asiatique loué chez Léone Favier, et enfoncé sur sa tête un fez, s’avançait solennel et, s’inclinant devant André :

— Mon gracieux souverain m’a chargé, dit-il, en dépliant un parchemin, de vous congratuler au nom de ses ancêtres Kadjars.

En traldaldi en tradaldaar, fit le chœur, stylé.

— Je croirais manquer aux plus élémentaires convenances diplomatiques, continua l’orateur, si je ne vous affirmais pas que je suis en proie à la plus vive émotion en m’acquittant de la tâche…

Il ne put en dire plus ; un accès de toux l’arrêta, suffoquant et lui bleuit la face. Il se retira, désolé, les larmes aux yeux, faisant signe de la main que ce n’était rien, tandis que, afin de ne pas rendre la scène plus pénible encore, chacun faisait semblant de n’avoir rien vu, parlait haut et creux, pour parler.

Du reste, la diversion ne tarda pas : une étrange musique déchira la nuit paisible de la rue.

— Ma surprise à moi, cria Jane à Flagothier interdit : toute la troupe du Palais d’été !

— C’est toi qui as trouvé ça, dit André tout à fait enthousiasmé : bravo ! Eh bien, alors, du Champagne,