Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/122

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du Champagne et encore du Champagne… et des sandwichs et du foie gras. Flagothier, mon ami, vous allez vous occuper de cela.

— Je vais aviser M. Desbaguettes, répondit Flagothier, de l’air d’un maître d’hôtel qui s’empresse.

André tomba dans les bras de Jane qu’il embrassa longuement, la mordillant dans le cou, à l’endroit où frisottaient quelques cheveux crespelés, échappés au peigne, tandis que les seins de Jane s’écrasaient sur sa poitrine.

Flagothier fut témoin de l’étreinte imprévue, brutale comme une possession ; lui qui faisait métier de rire de la puissance des femmes, de leur empire et de leur séduction, il trembla de la tête aux pieds, la bouche sèche, les jambes fauchées, comme si on lui eût porté une bourrade au creux de l’estomac. Il se ressaisit promptement, devant tout ce monde ; mais pas assez vite pour qu’en se retournant il ne remarquât, braqué sur lui, brillant d’ironie, de surprise et de joie, l’œil de Mme Fampin, non plus l’œil à la sauce coup-de-poing qu’il avait si méchamment blagué trois jours auparavant, mais un œil net, bien ouvert, un œil investigateur, un œil photographique qui, sans nul doute, conservait les empreintes aussi bien qu’il savait les recevoir…

Déjà la salle réservée et le billard étaient envahis ;