Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/131

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égoïste, dites-moi qu’est-ce que vous savez et qu’est-ce que vous pensez !

Ses beaux yeux, malgré elle, s’emplirent de larmes. Charles fut frappé et ému de la simplicité de cette confiance qui s’offrait, autant que de l’honnêteté et de la sagesse de cette âme sans apprêt.

— Qui est cette femme de théâtre qui va tous les soirs à la Boule Plate ? reprit Rose.

Ce n’était pas trop s’avancer que de dire le nom.

— Il y a une actrice qui vient souvent et qui s’appelle Jane Reclary, dit-il.

— Une femme avec de la peinture dessus : c’est bien ça qu’il lui faut… Est-ce « elle » ?

— Je n’ai rien remarqué, dit Charles.

Et, comme Rose le regardait d’un air dépité et incrédule :

— Écoutez, ma chère amie (c’est la première fois qu’il l’appelait ainsi), ne me questionnez plus aujourd’hui ; vous avez réfléchi deux jours avant de me parler : vous pouvez bien me donner quelques heures pour vous répondre. J’observerai Odon et les personnes qui viendront ce soir à la Boule Plate ; je verrai s’il y a quelque chose…

— Oh ! il y a quelque chose…

— C’est possible… et quand j’aurai bien vu, quand je me serai bien informé, je vous dirai… ce que je