Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/130

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bien comment on doit faire pour avoir du chemin avec lui ; nous autres femmes nous ne savons pas empêcher que nos hommes aillent faire des bêtises ; pourvu que ça dure pas, on est encore heureuses… Je veux pas que mon ménage soit en l’air ; voilà tout ! Je n’aurais même pas regardé après cette lettre d’anonyme ; mais je vous ai déjà parlé que j’avais remarqué comment il est depuis quinze jours… De nous autres deux, ça est lui qui est un enfant ; mettez-vous à ma place : est-ce que ce que je dis n’est pas juste ?

Charles essaya encore de se cantonner dans la neutralité. Alors elle lui parla avec tendresse, dans la sincérité de son cœur :

— Vous n’êtes pas un locataire ordinaire, Monsieur Charel. Depuis que vous êtes venu ici, je vous aime bien, parce que vous êtes gentil et plus intelligent que nous autres. Alors je me suis dit comme ça : « À qui est-ce que je peux demander un conseil ? Pas à Madame Cécile : celle-là saurait pas tenir sa langue ; pas non plus à notre cousin Périnet… »

— Ah ! non ! cria Charles.

— Alors, je n’ai plus que vous. Vous n’êtes pas obligé, mais si vous avez un peu d’estime pour moi… J’ai réfléchi à ça pendant deux jours et maintenant je viens vous dire : puisque vous n’êtes pas un sale