Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/141

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dont le cœur était pareil au cœur de Rose, des jeunes filles sincères et belles, faites pour des jeunes gens honnêtes et bien portants. Tout à coup enthousiasmé, Charles se sentait en passe de devenir un de ces jeunes gens-là ; il avait conscience qu’agissait en lui, éveillée récemment, une sensibilité neuve ; d’ailleurs sceptique immédiatement après, il découvrait à cette sensibilité des origines moins nobles : il la mettait sur le compte d’un célibat qui s’effraie de devenir quarantenaire. N’était-ce pas aussi qu’il sentait le moment venu — à cette heure où il était à peu près parvenu à chasser l’image du chien blessé crevant au coin du bois défeuillé — d’arranger sa vie, de sortir de l’inaction où son âme s’était lentement retrempée, d’employer à des buts utiles les forces maintenant reconquises ?

Quand il pensait que c’étaient les exemples de sagesse et de raison donnés par Rose qui avaient orienté son esprit vers ces pentes nouvelles du pays de Logique, il lui venait un élan de gratitude pour elle si bonne, si tendre et si jolie dans sa vulgarité.

Le lendemain matin, Charles, très indécis sur ce qu’il allait dire à Rose, descendit au magasin ; il eut la surprise d’y trouver Périnet à qui Rose présentait des échantillons de cigares. Sans voir la figure de