Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/150

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que les mots prononcés par Charles venaient familiers auprès d’elle, l’enveloppaient, la pressaient, entraient dans son âme surprise ? Jamais la belle humeur de son mari ne l’avait touchée comme la touchait le langage de bonne compagnie de Charles, se laissant aller à un aimable abandon. Si réel — et si affectueux — cet abandon, que Charles, souriant, en arrivait à parler à Rose de ses propres aventures passionnelles d’autrefois, avec plus de réserve, certes, que s’il se fût adressé à un esprit d’homme, mais avec le goût de tendresse que l’on trouve à une demi-confession faite à un cœur de femme…

Mme Cécile venait de temps en temps à la boutique « faire clapette ». Ce jour-là, une élégante toque de loutre coiffait sa jolie tête ; un ample manteau fourré faisait plus énormes encore son buste et son ventre de guerrière obèse.

Odon était absent ; elle trouva Charles et Rose causant dans le magasin.

— Ça est maintenant gentil d’être venue nous voir, dit Rose.

— Och ! taisez-vous, répondit-elle ingénûment, j’ai une flemme aujourd’hui ! Je savais pas quoi faire chez moi ; on peut tout-le-même pas passer tout son temps à jouer piano sur ses doigts de pied…