Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/164

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Elle se révoltait :

— Ce n’est pas vrai, hein ? mais c’est une persécution !

— Non, jamais je ne vous persécuterai. Je vous suivrai, voilà tout. Quand vous voudrez que je ne sois pas là, vous ferez non avec les yeux ; quand vous aurez besoin de moi, vous sifflerez. Je ne puis pas me passer de vous, moi. — Ah ! ça n’est pas drôle, allez !… Quand vous entrez ici, il me semble que votre poignet sort de votre manche, que votre main s’allonge par-dessus la table et que vos doigts viennent prendre mon cœur, l’arracher et le tirer à vous, tellement ça me fait mal. C’est à ce point que, tout à l’heure, je regardais vos mains sur la table pour me convaincre qu’elles ne farfouillaient pas sous mon gilet… je vous jure… je vous jure… c’est comme ça et pas autrement.

— Alors, allez-vous-en ; pourquoi vous faire souffrir ?

— Parce que c’est bon. Parce que j’aime bien.

Elle leva les bras vers le plafond, jeta sa cigarette éteinte, fit la moue et, plutôt pour se rassurer elle-même, dit tout haut :

— Des bêtises, tout ça. Ça se dit parce qu’on est énervé et, le lendemain, on n’y pense plus…