Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/17

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Elle était odorante comme un bouquet, le parfum des eaux de toilette se mêlant à son odeur de femme saine et bien en chair ; elle avait la main courte et grassouillette, une main sans doute dure aux pressions, molle aux caresses.

Un Rubens, cette Madame Rollekechik ; toute la robuste esthétique de la plantureuse race de la plaine flamande. Sa manière de meurtrir la langue française, sa façon de « parler flamand en français » donnait à ce qu’elle disait un ragoût particulier, un pittoresque savoureux, encore qu’étrange.

Mais ce qui la particularisait jusqu’à s’imposer dès la première rencontre, c’est qu’il émanait d’elle de la bonté, de la bonté souriante, brave et gaie, une « honnêteté » enveloppante. On devinait, au clair regard de ses yeux rieurs et confiants, un être affectueux sans phrase, dévoué sans calcul.

Charles Lévé de Gastynes lui dit : « Je suis entré parce que j’ai vu l’écriteau. Puis-je visiter l’appartement que vous voulez louer ? »

À son tour, elle dévisagea : petit, distingué, l’air fatigué pour ses trente-cinq ans, fin de reins, la poitrine étroite, les mains blanches, la figure longue, déjà flétrie, les lèvres pâles et minces sous l’ébouriffement blond de la moustache soignée, au demeurant