Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/173

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— Oui, je serai au théâtre.

Et elle lui tendit la main, qu’il baisa par-dessus le gant parfumé, sa petite main frêle, nerveuse et forte, briseuse de cœurs et de bibelots, apte à la fourberie des caresses qui grisent et qui affolent…

— Il est gentil, tout de même, pensait-elle en s’éloignant… Enfin, sa femme ne m’a pas chargée de le surveiller ; si c’est sa manière de faire des bêtises, il est bien libre…

Rose, en se levant, avait trouvé, glissée sous la porte, une convocation, impérative cette fois, du commissaire de police. Son cœur en fut chargé d’un poids. Ils « avaient un tribunal ». Charles d’ailleurs, lui avait dit, qu’elle serait mandée chez le juge.

Ce malheur s’ajoutait à tous les autres. Avoir un « tribunal », lui semblait un stigmate. Que dirait le quartier ? Quand elle passerait dans la rue, les agents de police la dévisageraient, se demanderaient où elle dirigeait ses pas. Leurs yeux, désormais investigateurs, leur attitude raide et soupçonneuse auraient l’air de dire : « Nous savons que cette femme a eu un tribunal ; elle est peut-être la complice de son mari ; surveillons-la pour voir s’il n’y a pas moyen de lui faire avoir encore un autre tribunal. » La justice, à ses yeux, était une force redoutable, dés-