Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/172

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en pleine force, bien découplé, les épaules solides, ravagé par sa passion. Certes, comme impressario, il aurait de l’allure, il « représenterait ».

Elle feignit une gêne, posa sur sa gorge tout à coup palpitante une main légère.

— Qu’avez-vous ?… vous êtes émue… pourquoi ?

— Je me sens troublée… Ah ! c’est peut-être mal ce que je fais là… C’est sûrement mal… Enfin, j’ai beaucoup pensé…

— Vous acceptez ?

Tout son cœur ne faisait qu’un bond vers elle.

— Non, je veux réfléchir encore. Je veux aussi que, de votre côté, vous réfléchissiez.

— Oh ! moi !…

— Mais ce ne sera pas une vie… pour vous.

— Puisque je m’en contente.

— Et votre femme ?

Il eut un geste d’infinie lassitude, une imploration de tout le visage qui voulait dire : « Je vous en supplie, ne me parlez pas de ça… »

— Soyez gentil, Odon, dit-elle enfin, soyez gentil, attendez encore.

Il ferma les yeux pour savourer son petit nom, dit par elle pour la première fois.

— Soit, jusqu’à ce soir, dit-il.

— Ce soir ?