Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/178

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Quand celui-ci fut parti, Odon se remit à arpenter la boutique. Charles ne disait rien. Cela dura longtemps.

À la fin, Odon, d’une voix qu’il s’efforçait de rendre calme, prononça :

— Monsieur Charles, il vaut mieux que vous vous en alliez…

— Je vais déménager tout de suite, dit Charles.

— Non, je ne veux pas que l’on raconte que je vous ai renvoyé…

— C’est ça qui m’est égal ! s’exclama le jeune homme.

Odon s’avança vers lui, lui prit les mains ; il larmoyait.

— Je ne vous demande qu’une chose, restez jusqu’à la semaine prochaine.

Ce fut tout. Charles haussa les épaules. Il sortit, le cœur plein de pitié, les idées en désarroi. Lui aussi, maintenant, sentait le malheur rôder autour de la Bonne Source.

Odon, jusqu’au soir, essaya de s’étourdir ; jamais journée ne lui parut plus longue. Sa conscience était bourbeuse ; il connut, par intervalles, au cours de ces heures interminables, quelques minutes de lucidité, douloureuses à crier, des minutes où lui vint le