Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/222

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tous les instituts, à ce point que presque tous ont pour règle de refuser les malades évidemment inguérissables. D’autre part, ainsi qu’il l’avait expliqué tout à l’heure, il savait que la fin est moins cruelle au sanatorium, que l’échéance du jour fatal s’enveloppe de plus de nuages et de plus de mystères ; enfin, l’élan de charité de Mme Cécile, de cette femme qui n’était même pas la parente du malade, l’effrayait un peu ; elle ne pouvait se douter de la somme de tracas matériels et moraux qu’elle allait hospitaliser chez elle en recueillant Julien.

— Ça, ça est moi que ça regarde, dit fermement Mme Cécile dans son rude langage. Je suis veuve ; je n’ai rien à f… de toute la journée ; je peux une fois bien me laisser faire une bonne action, si c’est mon goût.

Le médecin s’inclina. Il donna l’adresse d’un de ses confrères à Bruxelles, à qui, dès le soir, il écrivit pour le mettre au courant de l’état de Julien.

Mme Cécile alla voir celui-ci dans sa chambre. Il se plaignait doucement : l’accès était passé, il ne reviendrait plus avant longtemps ; mais la chambre était humide, on venait de lui monter de la tisane tiède ; son voisin de palier avait toute la nuit une petite toux sèche qui l’empêchait de fermer l’œil…

— Écoutez, mon cher ami, interrompit-elle, qu’est-ce que vous penseriez de revenir à Bruxelles ?