Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/229

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avait à présent ! Dans cette chambre, dont l’air était corrompu par les tristes remèdes, dans cette chambre où chuchottaient trois affections, sincères et probes, penchées sur un même chevet, il flottait de l’amour, comme, dans un cachot empuanti, vient flotter tout à coup une odeur de lilas, une bouffée de printemps soufflée par le vent à travers les grilles…

Charles, regardant Rose sourire au malade de ses grands yeux bons et confiants, se sentait à la fois léger et grave, le cœur égratigné par le frisson d’une émotion tendre. Et il songeait à l’orgueilleuse joie de diriger la vie d’une femme que l’on aime, de la protéger, de débusquer de son chemin les dangers tapis dans les ronciers, d’être le bras fort sur lequel elle s’appuie, la poitrine sur laquelle elle repose, de vouloir et d’agir pour deux…

Ce jour-là, comme il finissait de contempler Rose, il surprit, fixé sur lui, le caressant, l’œil anxieux et ami de Julien…

Quand Rose fut partie, Julien lui dit brusquement :

— Que feras-tu plus tard, toi ?

— Plus tard ?…

— Oui, je me demande souvent ce que tu feras quand je ne serai plus là…