Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/231

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Julien sortit en voiture pour aller au Bois, mais une saute de vent, un coup d’air froid qui courut le long de l’avenue Louise, le saisit à la porte de Charleroi et l’obligea à rentrer brusquement, suffoquant dans une sorte de râle. Cette crise fut la plus violente qu’il eût encore éprouvée ; son corps était secoué tout entier, trépidait et se convulsionnait à chaque mouvement contractile des bronches.

Quand il fut apaisé, enfin, dans sa chambre, entouré de ses trois amis, il exagéra sa bonne humeur, criant que ce n’était rien, que c’était l’adieu du rhume. Et il demanda qu’on le laissât seul ; il n’avait besoin de personne ; Cécile, Rose et Charles devaient sortir, aller « s’amuser en ville » : il le voulait, il l’exigeait. Tout à coup, il se rappela que le quartier du Smaelbeek était en fête à l’occasion de la victoire remportée à Roubaix par la fanfare des Joyeux Amis de la Clamotte, et qu’on avait organisé à cette occasion un « grand concours d’élégance et de beauté ». Il plaisanta, il fut pris d’une gaieté d’enfant : pourquoi Rose n’enverrait-elle pas Adla-Hitt prendre part à ce concours ? Il fit un portrait si drôle d’Adla-Hitt s’avançant sur l’estrade parmi les concurrentes que tous s’égayèrent de cette imagination. Alors Julien insista de nouveau : ils se distrairaient un peu ; ils viendraient lui raconter comment ça s’était passé.