Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/235

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et tumultueuse marée du cortège s’élargirent, allèrent battre les trottoirs, déferlèrent des piliers de la Maison du Roi jusqu’à l’escalier des Lions. Le flot de foule arrivait en vagues obliques, en remous contrariés ; des enseignes, des bannières et des chapeaux voguaient, dansaient, plongeaient, revenaient à la surface, tels des bouchons soulevés et ballottés par le caprice des courants et des remous.

Quand Mme Cécile, Rose et Charles furent parvenus à échapper à cette folle bousculade, ils allèrent paisiblement « profiter sur une boutelle de gueuze » au vieil estaminet de la Roue, et ils s’y attardèrent de façon à n’arriver au marché couvert de la rue Duquesnoy que pour l’heure des concours.

Tout le quartier du Smaelbeek était « vollegaz ». Quand Rose, souriante malgré elle à tout cet étalage de joie bruyante, pénétra, avec Mme Cécile et Charles, dans la salle, la cohue était telle qu’ils n’auraient pu approcher de l’estrade si le journaliste à l’asticot, qui faisait partie du jury, ne les eût conduits près de cette estrade, par une porte interdite au public. Le « concert monstre » qui faisait les premiers frais du programme, venait de finir ; on arrivait au morceau de résistance de la cérémonie : « Concours de beauté et d’élégance entre les krotjes du Smaelbeek ». Le secrétaire du jury procédait à