Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/247

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Il y a huit jours, une artiste dont le nom est notoire, sinon célèbre, dans le monde du café-concert et n’est pas inconnu dans le monde de la galanterie, nous assure-t-on, débutait au Casino de notre ville. Sa beauté, jointe à son talent, ne tardait pas à lui attirer des hommages nombreux et à lui valoir des succès où l’artiste et la jolie femme trouvaient également un hommage. Parmi les adorateurs de cette élégante personne se trouvait M. X…, neveu d’un ministre d’une nation amie et alliée, dont le nom est imprimé des milliers de fois chaque jour dans la presse mondiale. La cour que fit M. X… à l’artiste ne fut guère encouragée ; elle lui signifia que ses assuiduités lui déplaisaient. M. X… ne se découragea pas Par deux fois, il tenta de faire fléchir la consigne rigoureuse donnée par l’artiste au personnel de l’hôtel où elle est descendue. M. X…, ainsi rebuté, avait pris, nous assure-t-on, son parti d’un insuccès qui n’intéressait que sa réputation d’homme à bonnes fortunes, lorsque, brusquement, mardi soir, comme il pénétrait au Casino, il fut interpellé en ces termes par O. F. :
xx— Je vous préviens que si vous continuez à obséder Mlle *** (ici le nom de l’artiste), c’est à moi que vous aurez affaire…
xxSurpris de cette apostrophe, lancée sur un ton si véhément que plusieurs personnes avaient immédiatement formé un groupe friand d’un scandale, M. X… riposta :
xx— Je n’ai pas à me soucier de votre défense ; je ne vous connais pas et je vous… (ici un mot grossier.)
xxO. F… devenu très pâle, répondit textuellement :
xx— Je ne veux pas vous casser la… (ici encore un mot grossier) comme j’en aurais le droit, mais voici ma carte.
xxM. X… la prit et passa la sienne à O. F… qui quitta le salon.
xxLe lendemain matin, M. X…, averti par de certains bruits