Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/255

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communion. Il y avait des bambins adorables, puisant, dans des corbeilles odorantes et légères, les premières roses effeuillées ; un surtout, haut comme une botte, le pas mal assuré et la mine sérieuse, escorté d’une maman attentive.

Quand l’enfant passa devant la maison de Rose, il était fatigué de la déjà longue promenade ; ses yeux regardaient autour de lui avec inquiétude, une moue fronça ses lèvres : Rose vit qu’il allait pleurer. Alors, profitant de ce que la procession s’arrêtait un instant, elle conseilla à la mère, une voisine, de ne pas laisser aller l’enfant plus loin ; elle l’engagea si aimablement à entrer un instant à la Bonne Source, que la voisine accepta. Rose s’exclamait que jamais elle n’avait vu plus bel enfant ; l’ayant pris sur ses genoux, elle tâtait ses petits membres potelés, l’embrassait comme une folle, le maniait tel un joujou, tandis qu’Adla-Hitt courait chercher chez le pâtissier des religieuses, en belle pâte feuilletée, couverte de crème jaune et de confiture de groseille, des cornets et des milanaises.

Rose dit tout à coup : « Ouie, Madame, pour avoir un enfant comme ça, est-ce pas, je donnerais je sais pas quoi… tenez… cinq ans de ma vie… »

La bonne femme se mit à rire : « Ce n’est pas nécessaire, dit-elle : le mosselman sait vous apporter