Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/98

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venez d’avoir à Nice et en Angleterre de gros succès de concerts ?

— Ah ! oui, pour des succès, j’en ai eu, des succès ! Six, sept, dix rappels chaque soir. Et des bijoux…

(Elle étala sa main corusçante de bagues.)

— … Qu’on m’envoyait dans des corbeilles sur la scène… Oh ! des messieurs que je ne connaissais pas autrement… quoi que puisse en penser le roi des potirons qui fait, chaque fois que je raconte ça, sa noble tête des vendredis saints. Je ne les ai vus de près qu’un soir, ces messieurs, quand ils sont venus dételer les chevaux de ma voiture.

— Je le jure, dit André d’un ton détaché…

Déjà les idées de l’actrice avaient sauté à autre chose.

— Messieurs, fit-elle d’une voix pressante, tandis que ses yeux imploraient, vous pouvez peut-être me rendre un grand, un très grand service ; André n’y arrive pas, lui… Vous ne me connaîtriez pas, dans vos relations, un bon accompagnateur, pour répéter, le matin ?

— Je n’ai qu’un violon, je le mets à vos pieds, chanta Flagothier qui, tout de suite, fut encore plus mécontent de cette phrase que de celle de tout à l’heure.

— Merci, c’est un pianiste qu’il me faut.