Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/124

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C’était le coup macar.

J’avais glissé à ses genoux et, tenant l’une de ses petites mains dans les miennes, je serrais cette main doucement, tendrement…

Elle était restée immobile, la figure impénétrable. Enfin, sur mes derniers mots, un sourire que je qualifierai toute ma vie de divin, glissa sur son visage et la transfigura.

Ce fut avec une impressionnante simplicité, avec je ne sais quoi de suave dans la voix qu’elle déclara :

— Je m’en étais toujours doutée.

— Vous dites ? demandai-je, sidéré…

— Oui, chaque fois que la conversation se mettait sur le Congo, je vous voyais rougir ou pâlir. C’est même à cause de cette gêne, qui vous montrait à moi si malheureux, que j’ai commencé à…

— À quoi ?

Elle eut une hésitation ; puis, faiblement :

— À vous… — À… m’aimer, Valentine ?

Elle répondit, dans un souffle :

Ui, Gédéon… Et vous, Gédéon, m’aimez-vous ?

Si j’avais une voix de ténor, je crois que j’aurais lancé aux étoiles le cri de Faust : « Félicité du ciel ! ».