Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/127

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Le 4 juillet 19… — Je suis rentré à Mons à pied ; il était près de minuit quand j’arrivai chez moi.

J’ai ouvert ma fenêtre et il me sembla que mon cœur rayonnait sur la ville entière, qu’il ’illuminait, qu’il la baignait de ses effluves à l’égal du clair de lune.

Je me sentais un homme nouveau, j’éprouvais un bonheur silencieux et profond — un bonheur que je n’avais jamais connu.

Oui, ma vie changeait : j’en rendais témoins les clochers et la tour du Château ; j’associais à mon âme exaltée les vies invisibles qui dormaient derrière les innombrables fenêtres trempées de lune. Dans toutes ces maisons, de la plus humble à la plus riche, dans toutes ces maisons qui avaient abrité des générations et des générations, l’amour, quelque jour, avait parlé ; toutes ces chambres, tous ces petits jardins, toutes ces ruelles avaient entendu, à quelque moment, des aveux, des baisers, des promesses et des serments d’amour. Et il me semblait que toute cette tendresse amoureuse,