Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/151

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longtemps l’octogénaire Ma tante Sophie accagnardée dans un angle de sa boutique souterraine, son pot à braise sous sa chaise percée et comptant ses yards dans un poëlon sans manche. Devant la Pêche miraculeuse, Stranard me rappela que son père avait mangé autrefois chez moi du poisson à l’escavêche ; et il fallut lui donner la recette d’Had’laïte qui — tout Mons le sait — réussit comme personne ce plat montois : tant de vin blanc, tant de vinaigre et tout ce qu’il faut mettre dans une mousseline : oignons, poivre en grains, ail, thym, laurier, estragon ; décorer de cornichons en tranches et de rondelles de citron pelées ; ajouter des feuilles de gélatine trempées dix minutes dans l’eau froide et des blancs d’œufs battus en neige…

Stranard me montra, en passant, le balcon d’où Charles IX a tiré sur le peuple et cela nous remit en mémoire l’escaudrie du chasseur éclaireur Lartoile déchargeant son Mauser sur des poules aux manœuvres de Charleroi. Quand nous fûmes devant Napoléon à Wagram, nous nous souvînmes ensemble de la bataille des Pyramides et du général baron Duvivier, entraînant à l’assaut, au son du Doudou, son régiment de grenadiers, ce qui permit à Napoléon de gagner la bataille. Stranard s’enflam-