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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/23

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ramassé les valises et marchait devant moi. Il pérorait, maudissant ce don néfaste d’entraîneur de masses que le ciel lui avait donné et qui lui avait valu jadis, dans sa ville natale, les mêmes avatars, les mêmes embêtements qu’aujourd’hui à Mons ; était-ce pourtant sa faute si les plus folles extravagances de l’Invention, en bouillonnant dans son crâne, se répandaient autour de lui comme l’eau d’une marmite trop pleine ?

Les épaules tirées par le poids des valises, dans une pose d’affaissement, il parlait avec tristesse, et moi, je comprenais qu’il aurait beau faire : jamais le vieil enfant menteur qu’il était ne connaîtrait le bonheur des simples qui ne parlent qu’à bon escient, ne disent que ce qui est, et considèrent raisonnablement ce qui sera…

Il me repassa les valises, afin de faire le geste du serment.

— Je partirai, Commandant : je vous le jure !

Au-dessus de lui, le bec de gaz du réverbère, clignotait de l’œil…

Il m’a reconduit jusqu’à ma porte. Je l’ai prié d’entrer, mais il m’a fait remarquer :

— Had’laïtte va se lever en vous entendant…

C’était vrai : Had’laïtte…